En Biélorussie, "97 %,
ne veulent pas que la Biélorussie participe à la guerre en Ukraine !"
Début mars, le Congrès des Syndicats Démocratiques (BKDP) demandait "la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes russes de l'Ukraine, ainsi que de la Biélorussie". Le réseau ferré biélorusse a fait l’objet de sabotages, en vue d'entraver les acheminements de l’armée russe dans la région.*
Minsk,
29 mars 2022
Alexandre Yarashuk : La guerre de la Russie en Ukraine
n'est pas notre guerre.
Nous pouvons l'arrêter, nous devons l'arrêter !
Chers compatriotes, chers
travailleurs, travailleuses !
La guerre de la Russie contre
l'Ukraine dure depuis plus d'un mois. Dès le début de la guerre, la Biélorussie
s'est rangée du côté de la Russie. Ses troupes entrent en Ukraine depuis notre
territoire, des roquettes sont lancées, des avions décollent. Et plus la
Biélorussie s'implique dans la guerre, plus sa participation à l'agression
détruit des infrastructures, des logements, tue des civils ukrainiens, des
femmes, des personnes âgées et des enfants, plus les sanctions de la communauté
internationale s'alourdissent à son encontre.
Nous commençons à ressentir leurs effets. Les prix
augmentent, les entreprises se ferment ou recourent au temps partiel et les
problèmes de salaires commencent. Les turbulences ont déjà affecté des
entreprises stratégiques telles que MZKT, les raffineries de pétrole et Belaruskali.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, Belaruskali a été contraint
de contracter un emprunt bancaire pour payer les salaires de ses employés.
Mais ce n'est que le début. La détermination de la
communauté internationale à punir les responsables de la guerre et l'ampleur
des sanctions sont telles que dans quelques années il ne restera plus
grand-chose de l'économie moderne du pays. La Biélorussie n'a jamais été
confrontée à un tel défi dans son histoire.
Le pays se dégradera progressivement jusqu'au niveau
technique et technologique de l'économie du milieu du siècle dernier. La
dégradation s'accompagnera d'un chômage endémique, de salaires extrêmement bas,
de la pauvreté et de l'existence misérable de la population.
De plus, la Biélorussie, avec la Russie en tant
qu'agresseur militaire, devra payer des réparations de plusieurs milliards de
dollars à l'Ukraine pour les énormes dommages causés par la guerre. Tout comme
l'Allemagne nazie a payé des réparations à l'Union soviétique après la Seconde
Guerre mondiale. C’est comme cela que sont apparues à Minsk les usines de MAZ,
MTZ, Motovelo et d'autres.
Ainsi, la Biélorussie paiera, en gageant son propre
avenir, l'aventure d’avoir participé à la guerre contre l'Ukraine. Pour les
années à venir, le pays a mis en jeu son existence en tant qu'État indépendant
et souverain, et sa population sera au bord de la survie physique.
Peu de pays dans le monde ont connu
dans leur histoire des guerres aussi meurtrières que nous. Nous devons tout
faire pour retrouver une bonne réputation, pour que la Biélorussie ne soit
jamais considérée comme un agresseur militaire. Et qui d’autres que nous le
fera ? Le nom de notre pays, les noms de nos villages et de nos villes ne
doivent pas incarner la menace et le danger pour le peuple de l'Ukraine
voisine, fraternelle pour nous. Ne doivent pas incarner la mort.