Le 3 octobre, à Rodez, Macron a sorti don jeu sur la réforme des retraites.
Trois heures pour “expliquer” sa réforme, et tenter de “rassurer” sur ses conséquences… (vidéo ci-dessous)
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Emmanuel Macron à Rodez : "la pension moyenne des professeurs est de 1200 euros" !
Face aux chiffres du Haut-commissaire, c'est "2 600 euros de pension moyenne pour les nouveaux retraités de l'enseignement", Macron ajoute :
"Et c'est pourquoi, les
enseignants, comme quelques autres professions je ne peux pas leur dire du jour
au lendemain, vous allez passer dans le nouveau système parce que leur système
est calculé sur les six derniers mois. Si je passe au nouveau système qui
est tout au long de la vie, tous les enseignants seront lésés. Donc le passage
au nouveau système pour les enseignants ne peut aller qu'avec une
transformation de la carrière, de repenser la carrière dans toutes ses
composantes".
Cette
soi-disant reconstruction de la carrières pour compenser les pertes
dues au système à points est donc une fumisterie (alors même que le
point d'indice est bloqué depuis es années).
Ce qu'il y a tout au plus à discuter, c'est du salaire au mérite ("valoriser l'évolution de la carrière", "l'investissement qu'on fait"), de l'allongement de la durée du travail ("changer le temps de travail", "revoir les vacances")... du "management" à la place des garanties statutaires...
Il ne suffit donc pas, pour le gouvernement, de mettre fin au code des pensions, c'est avec toutes les garanties statutaires que Macron veut en finir ! Ce qui correspond à son programme : "construire une société de mobilité et non de statut" !
Avec ses débats marathons, Macron
veut renouveler l'exercice utilisé pour “sortir de la crise des gilets
jaunes”. “Le débat de ce soir est un débat important qui va occuper notre pays
pendant plusieurs mois”, a-t-il dit. Il connait l’attachement des
travailleurs, de la jeunesse au système de retraites arraché dans
l’après-guerre dans la cadre de la sécurité sociale (la retraite des
travailleurs du privé est partie intégrante du système de sécurité sociale). Il
connait l’attachement des fonctionnaires au code des pensions (partie
intégrante du statut) ; il connait l’attachement des cheminots, des
travailleurs de la RATP, de l’EDF… à leurs statuts (et aux ”régimes spéciaux”
de retraites qui sont liés à ces statuts).Ce qu'il y a tout au plus à discuter, c'est du salaire au mérite ("valoriser l'évolution de la carrière", "l'investissement qu'on fait"), de l'allongement de la durée du travail ("changer le temps de travail", "revoir les vacances")... du "management" à la place des garanties statutaires...
Il ne suffit donc pas, pour le gouvernement, de mettre fin au code des pensions, c'est avec toutes les garanties statutaires que Macron veut en finir ! Ce qui correspond à son programme : "construire une société de mobilité et non de statut" !
Mais Macron veut en finir avec la Sécurité
sociale (renvoyer dans les poches du
patronat les milliards de cotisations sociales, cette fraction du salaire mutualisé qui alimente les caisses de
sécu) ; il veut en finir avec les statuts qui protègent les
salariés : celui des fonctionnaires, celui des cheminots, celui des
travailleurs de la RATP... Son programme promeut une société “sans statut”. Une
société dans laquelle les droits et acquis des travailleurs arrachés de hautes
luttes sont réduits à peau de chagrin. Un “régime universel”… de la misère. (1)
Ces débats n’ont qu’un seul but : légitimer
son projet de réforme ; désarmer les mobilisations…
Alors, comment comprendre que les directions
syndicales n’exigent pas le “retrait”
pur et simple de tout projet de retraites à points. Comment comprendre leur
soumission aux multiples “concertations” engagées par le gouvernement ?
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La première urgence : exiger le retrait de tout projet de retraites à points
Non AUX RETRAITES à POINTS ! RETRAIT DU PROJET de MACRON !
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Verbatim :
Emmanuel MACRON
C'est
la dernière. Il y a vous. D'abord, les niveaux de retraite dépendent
beaucoup, comme vous le savez mieux que moi, si vous êtes prof,
capésien, agrégé, à quel moment de votre carrière vous êtes parti, etc.
Je ne prenais pas le niveau classique, je prenais un niveau de référence
qui, à mon avis d'ailleurs, n'est pas totalement délirant.
Parce que quand on regarde le niveau, quand vous êtes prof ça dépend de
la part d'indemnités, d'heures sup que vous faites en fin de carrière,
qui sont plus ou moins prises par votre système de retraite mais on est
entre 1 000 et 1 200. À mon avis, sur la moyenne, je pense que je ne
suis pas loin de la réalité, mais on pourra vérifier. Est-ce
qu’on a les chiffres, Monsieur le Haut-commissaire. Oui, il va vérifier.
Et puis, il y en a qui ont plus quand ils finissent agrégés.
Aujourd'hui, sur l'ensemble du corps enseignant, le système actuel, et
vous le disiez, est un système que je considère comme insatisfaisant
parce que la carrière progresse peu, parce que la carrière, et moi j'ai
une pensée pour votre collègue directrice d'école qui a commis le pire,
soumise au stress, etc., dans une situation abominable parce que, comme
vous le dites, Madame, directrice, il y a des fonctions d'encadrement
qu'on ne reconnaît pas assez. Donc ça, c'est le deuxième point, en
quelque sorte, le pacte social implicite qu'on a fait depuis des
décennies dans l'Education nationale, c'est de dire : on ne vous paye
pas très bien, votre carrière est assez plate mais elle peut avoir des
bonds quand vous passer le CAPES, quand vous passez l’agrég, mais vous
avez des vacances et vous partez à la retraite avec un système qui est
mieux calculé que chez beaucoup d'autres parce que c'est le système où
on calcule sur la base des six derniers mois, et après, il y a aussi
certains autres. C'est pour ça aussi qu'il y a une grande diversité dans
le corps enseignant. Ca dépend si vous faites des heures sup ou pas.
Lesquelles sont maintenant défiscalisées et peuvent créer des variations
de revenus importantes au sein du corps enseignant. Ca, c'est un peu le
pacte social du corps enseignant. Ce pacte-là ne correspond plus à la
réalité, ce qui est souhaitable je le dis très sincèrement. Et
c'est pourquoi les enseignants comme quelques autres professions, je ne
peux pas leur dire du jour au lendemain, vous allez passer dans le
nouveau système parce que leur système est calculé sur les six derniers
mois. Si je passe au nouveau système qui est tout au long de la vie,
tous les enseignants seront lésés. Donc le passage au nouveau
système pour les enseignants ne peut aller qu'avec une transformation de
la carrière, de repenser la carrière dans toutes ses composantes. Et
c'est pour ça que j'assume, sur certaines catégories qui sont très
spécifiques, d'avoir un temps de transition qui peut être plus important
parce qu'on doit penser la dynamique salariale et la carrière.
Donc, je vais me corriger tout de suite, en direct. Mais ça, c'est pour
les enseignants ou pour tous les retraités ? Je lis ce qui m’est donné
par le Haut-commissaire : 2 600 euros de pension moyenne pour les
nouveaux retraités de l'enseignement. Les enseignants titulaires partis
en 2017 ont perçu une pension de retraite mensuelle moyenne de 2 600
euros. Cette moyenne de 2 600 euros cache des inégalités entre
enseignants du premier degré public et second degré public. C'est la
diversité qui fait que peut-être, vous ne vous y retrouvez pas. À mon
avis, 2 600, faudra me dire comment on les retrouve, parce que les
enseignants en font partie. Mais moi je pense à mes 1200, je ne suis pas
dans le faux. Vous étiez enseignante ? Donc je ne suis pas dans le
faux. Madame était enseignante, elle est à 1140. Bon, ça me rassure. Non
mais c'est bien voilà.
Olivier BISCAYE (animateur)
Terminé, Monsieur le Président.
Emmanuel MACRON
Non
mais quand je vous disais 1 200 euros, je n'étais pas dans le délire.
Non mais c'est très important parce que attendez. Là, on parle beaucoup
de chiffres. Je veux quand même clarifier les choses pour vous. Madame
elle me dit : on va prendre les 25 meilleures années. Quand vous êtes
dans le privé, comme vous, comme vous; on va prendre vos 25 meilleures
années mais sur ces 25 meilleures années, ce sera 50% du salaire de
référence. Quand vous êtes dans le public, on
prend vos six derniers mois et c'est 75 % du salaire, c'est ça la grande
différence qui crée aussi des inégalités qui fait que plus personne s'y
retrouve. Ça, c'est le système actuel. Et
quand je regarde le salaire de fin de carrière des professeurs, il y a
beaucoup de variations mais quand je vous dis que je suis autour de 1
100-1 200 euros, je pense que je ne suis pas complètement déconnant, par
rapport à une fin de carrière de prof. Il y en a qui touchent beaucoup
plus quand ils font des heures sup, quand ils sont agrégés ou autre, il y
en a qui touchent un peu moins mais je suis peut-être en dessous de la
moyenne, mais je suis dans la réalité et votre voisine le montre. donc,
d'abord, premier point, parce que c'était votre angoisse. Vous me disiez
: 1 200 euros, j'y crois pas du tout. Ça montre bien que notre système
actuel, il n'est même pas lisible pour les actifs qui sont
fonctionnaires et qui devraient pouvoir, dans une carrière où vous
n'êtes pas licenciable donc, vous devriez pouvoir calculer votre
retraite. Ça veut dire qu'un enseignant aujourd'hui, de la fonction
publique d'Etat, il ne sait pas calculer sa retraite et il a peur,
premier point. Alors
moi, je vais essayer de vous rassurer, d'abord en vous disant : tout le
monde passe au même système, visibilité et transparence. Deuxième point
: en vous disant, ce pacte social que je décrivais pour les
enseignants, on ne va pas y mettre fin du jour au lendemain, parce qu’on
va se donner du temps, comme d'ailleurs, pour certaines professions
médicales que j'évoquais, pour les policiers, pour les gendarmes, on
doit se donner du temps parce qu'on doit repenser la carrière. Moi,
c’est ce que je veux qu'on fasse sur 5-10 ans. Là aussi, ce n'est pas
quelque chose qui se fait en six mois, si je revalorisais, comme je veux
le faire, l'ensemble des enseignants -quand on parle de l'Éducation
nationale dans notre pays, on parle d'un million de fonctionnaires,
c'est le premier employeur du pays. Si je voulais revaloriser, c’est 10
milliards. On ne peut pas mettre 10 milliards demain, c'est vos impôts.
C'est le déficit, c'est la dette pour nos enfants donc c'est investir
sur notre éducation. Il faut repenser la carrière, ça veut dire qu'il
faut qu'on arrive à ce que la carrière progresse davantage, qu'on ait un
vrai dialogue avec l'ensemble des enseignants et leurs représentants
pour dire comment on fait mieux progresser la carrière, comment on paye
mieux. Comment, du coup, parce qu'on paye mieux, peut-être on change
aussi le temps de travail et la relation au travail. Et je pense que les
enseignants de votre génération y sont tout à fait prêts, et le font
d'ailleurs bien souvent hors du temps scolaire, d'accompagner les jeunes
différemment, que ce soit valorisé, que ça puisse être demandé aux
enseignants, que le métier change, qu'on regarde aussi les périodes de
vacances par rapport aux autres et puis qu'on pense sa carrière en
valorisant beaucoup plus qu'on ne le fait aujourd'hui les périodes
d'encadrement. Aujourd'hui, quand vous êtes directeur dans le
primaire, directeur de collège, c'est terrible. C'est sous-valorisé, ça
crée des situations de stress très dures, et donc peut-être qu'on
valorise mieux cela. Et puis, qu'on intègre aussi qu'à des moments de la
carrière, on ne doit plus être devant des élèves parce que si on dit
tous : on va travailler un peu plus longtemps, eh bien je suis désolé
mais il se trouve que je connais bien votre métier, j'ai une grand-mère
qui m'a élevée et qui y a passé sa vie et j'ai une épouse qui a fait
votre métier, c'est pas vrai qu'on peut jusqu'à 65 ans être devant des
élèves de manière innocente. Ca dépend après des tempéraments, ça dépend
des classes que l'on a face à soi, ça dépend de la réalité, mais quand
on est dans une situation difficile, qu’on on a des gamins turbulents, à
55 ans, on en a marre, on est usés et donc, il faut pouvoir avoir un
job en rectorat ou dans des fonctions où on sera moins exposé aux
élèves. Il y a d'autres endroits où c'est beaucoup plus plaisant. Les
profs ont des classes plus réduites. Ca
se passe mieux. Ca, ça s'apprécie, ça s'appelle gérer une carrière. Ca
s'appelle faire de la gestion des ressources humaines. On l'a fait
insuffisamment. On doit réinventer, ca veut dire donc valoriser
les carrières, valoriser l'évolution de la carrière différemment, le
prendre en compte pour permettre aux enseignants de rentrer dans le
système et que les retraités du système de demain se retrouvent au même
niveau que les retraités du système d'aujourd'hui, mais avec une
carrière plus intelligente. Parce qu'aujourd'hui, il n'est pas un bon
système, où on dit à des enseignants : ‘’vous allez vous serrer la
ceinture, vous serez mal payé toute votre vie et votre retraite sera
mieux calculée que pour les autres.’’ On n'est plus dans un monde où les
gens acceptent ça. Donc, sur ces sujets, ce que je veux qu'on fasse,
c'est qu'on ouvre une vraie concertation qui va permettre de penser la
carrière, l'investissement qu'on fait, et du coup le temps de transition
et on fera converger tout le monde vers de nouveaux systèmes, à mesure
qu'on arrive à avoir une carrière qui corresponde à un système plus
juste. Mais on va le faire en transparence. Moi, je vous dis là mes
convictions, mes intuitions parce que votre question était très directe,
je corrige peut-être aussi des a priori qu'on peut avoir, anxiogènes,
qui sont faux mais ça va être un des objets de discussions. Et moi,
j'assume que sur quelques professions qu'on a évoquées, ce soir, on se
donnera le temps parce que c'est des professions où il faut, en fait,
changer le travail pour permettre de passer au nouveau système de
retraite.